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La dentelle labellisée Calais-Caudry, pourquoi ce choix ?

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Mon rapport à ce label est tout à fait intime et remonte à ma première rencontre avec la dentelle. Elle a été déterminante et a guidé l'ensemble mon travail avec cette étoffe pour diverses raisons.


J'ai été une petite fille curieuse et par chance les armoires de ma grand mère maternelle regorgeaient de reliques en tout genre. Particulièrement des linges anciens. Parmi eux des pièces de dentelles particulièrement précieuses et confectionnées à la main. Leur finesse et leur beauté ont éveillé mon amour des travaux autour du fil et du motif.

Plus grande j'ai appris la dentelle aux fuseaux puis découvert la dentelle mécanique dans le musées de la dentelle de Calais ainsi que celui de Caudry.


Conserver les savoir-faire tout en les démocratisant, préserver l'histoire et l'économie d'un artisanat français internationalement reconnu pour sa noblesse et son unicité, telle est la mission de ce label cela m'a convaincue de le mettre exclusivement à l'honneur dans mes créations.






Un peu d'histoire


Il n'existe aucune information précise des dates et lieux originels de la dentelle. Il est toutefois admis qu'elle aurait vu le jour au XVIe siècle, dans la région de Venise, notamment à Burano. D'abord nommée passementerie (1539), elle apparaît pour la première fois sous le mot « dentelle » (c'est-à-dire « petites dents ») en 1545, dans l'inventaire de la dot de Marguerite de Navarre, soeur de François Ier. Elle est réalisée à l'aiguille ou au fuseaux.



Dentelle à l'aiguille


Dentelle aux fuseaux



D'abord l'apanage des hommes, la dentelle fut utilisée par les femmes dès le XVIIe siècle. Au XIXe siècle, Napoléon Ier la réserva au vêtement féminin.

En France, les premières manufactures datent du XVIIe siècle à l'initiative de Colbert. Les métiers mécaniques sont apparus vers 1820. La ville de Calais mais aussi celle de Caudry ont connu un réel essor avec ces métiers appelés "leavers".

La guipure est une dentelle dont le fond est fait avec des barrettes ou fils jets et non avec des mailles.





En 1813, un certain Leavers eut l'idée d'allier la technique "Jacquard" au procédé mécanique de John Heathcoat, et c'est ainsi que d'un métier à tulle on a pu évoluer vers un véritable métier à dentelle, permettant de réaliser avec une liberté totale tous les motifs imaginables. Ce sont d'énormes machines pesant plusieurs tonnes, au vacarme assourdissant contraignant les ouvriers à porter des protections auditives. Il est également manifeste que ce changement marque aussi le passage de la dentellière aux mains agiles à l'ouvrier aux épaules robustes, car pour faire fonctionner de tels monstres une grande force physique est nécessaire. Dix-sept étapes faisant appel à dix-sept savoir-faire différents sont nécessaires pour passer de l'idée au produit fini.



La dentelle d'Alençon


Le point d’Alençon est une technique rare de production de dentelle à l’aiguille, pratiquée à Alençon en Normandie dans le Nord-Ouest de la France. La dentelle au point d’Alençon doit son caractère singulier au haut niveau de savoir-faire requis et au temps très long qu’il faut pour la produire (sept heures par centimètre carré). Les pièces de textile ajouré réalisées selon cette technique sont utilisées à des fins d’ornementation civile ou religieuse. La pièce est composée de motifs raccordés entre eux par un réseau très fin. Son exécution nécessite plusieurs étapes successives : le dessin et le piquage du motif sur le parchemin, la réalisation de la base des motifs et des mailles transparentes en arrière plan, puis les points représentatifs des décors, les remplis pour créer des ombres, diverses modes décoratives, et enfin les brodes pour donner le relief. Interviennent ensuite le levage pour détacher la dentelle du parchemin à l’aide d’une lame de rasoir, l’éboutage et enfin le luchage qui consiste à polir les remplis à l’aide d’une pince de homard. Chaque dentellière connaît toutes les étapes de réalisation de la dentelle et ce savoir ne peut être transmis que par l’apprentissage pratique. Pour maîtriser totalement la technique du point d’Alençon, il faut entre sept et dix ans de formation. L’apprentissage, qui suppose un lien étroit entre la dentellière spécialisée et l’apprentie, repose exclusivement sur la transmission orale et l’enseignement pratique.





La mécanisation a permis de reproduire les motifs de cette dentelle spectaculaire en respectant les techniques et le rendu de façon étonnante, tout en réduisant considérablement les temps de réalisation.





La dentelle de Chantilly


La fabrication de dentelle aux fuseaux à Chantilly s’inscrit dans le grand développement de centres de production dans le nord de la France sous l’impulsion de Colbert. Anne de Bavière, princesse de Condé, crée la première école à Chantilly en 1693. Très vite, on commence à réaliser différents types de dentelles et principalement de la Blonde fort prisée au XVIIIe siècle. La Blonde est une dentelle nommée ainsi en raison de la couleur de la soie jaune pâle, issue du cocon du ver à soie, utilisée pour sa fabrication. Cette dentelle fut produite dans des villes comme Chantilly, Bayeux, Caen, etc. Lorsque le fil de soie était teint en noir on parlait de « Blonde noire ». Des marchands dentelliers s’installent à Chantilly et organisent un réseau de production composé de dentellières, dessinateurs, patroneurs, piqueurs, etc. Cet artisanat constitue un revenu d’appoint pour les ménages et fait vivre de nombreuses familles. En 1825, cette industrie emploie plus de 1000 femmes à Chantilly et dans les environs.





Au XIXe siècle, les marchands cantiliens délaissent peu à peu la Blonde pour une nouvelle dentelle, noire, particulièrement fine, ornée de pois et de motifs floraux. Pleine de délicatesse et d’un grand raffinement, elle correspond à la nouvelle mode au tournant de la Monarchie de Juillet et du Second Empire. Elle prend le nom de «Chantilly» et connaît un succès retentissant dans l’Europe entière. Elle envahit les robes, châles, ombrelles, éventails, cols, volants… L’impératrice Eugénie de Montijo, femme de Napoléon III en pare ses toilettes et soutient ainsi la mode de cette dentelle de soie noire très sophistiquée.  Devant un tel succès, d’autres villes comme Bayeux ou Grammont, commencent à la produire sous le nom de « Chantilly ».





Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la mécanisation supplante la production à la main et les dentellières cantiliennes disparaissent définitivement avant la Première Guerre mondiale. Aujourd’hui, la « Chantilly » est toujours produite en France mais dans le Nord et de façon mécanique. Elle est très prisée des maisons de couture telles Dior, Givenchy, Balenciaga, Lacroix ou encore Chantal Thomas qui ne l’ont jamais oubliée dans leurs collections haute-couture et dans leurs robes de mariées en version blanche. Les plus grandes maisons inscrivent la Chantilly dans la modernité.



La dentelle de Lyon


En 1825, l’association de Jean Claude Dognin, tulliste lyonnais, et d’Auguste Isaac, inventeur du procédé appliquant le système Jacquard-Vincenzi au métier à bobine pour le tulle fut à l’origine d’une longue histoire dentellière.


En effet la dentelle produite par ces métiers dit « Bobin-Jacquard », rebrodée après découpe et teinture, s’est appelée

« Dentelle de Lyon ». Elle connut un développement et une notoriété internationale au début du XXe siècle.





En 2012, la société Jean Bracq fait l’acquisition des trois derniers métiers à dentelle de Lyon de la société Goutarel, basée dans le célèbre quartier de la Croix-Rousse, qui, ayant vendu son usine, doit en évacuer les métiers et accessoires de production. Les métiers sont déménagés à Caudry, dans le Nord, afin de continuer à faire vivre ce patrimoine voué à disparaître.



La guipure


Le terme "guipure" trouve ses racines dans le monde de la passementerie, où "guiper" signifie tortiller. Cette technique sophistiquée se caractérise par un fond de tresses qui donne à la dentelle une apparence distincte. Autrefois, toute dentelle de fil ou de soie dépourvue de fond et composée de mailles larges était qualifiée de guipure.

Au coeur de la guipure réside cette technique de dentelle aux fuseaux au fil tortillé. Les tresses, délicatement entrelacées, créent des motifs en relief, ajoutant une richesse visuelle à la dentelle. Chaque pièce de guipure devient ainsi une oeuvre d'art, où la patience et la précision des dentellières se dévoilent dans chaque torsion de fil.





Aussi appelée « dentelle bourdonnée » ou « broderie sans fond », la guipure vit le jour en Italie au XVIe siècle. D’abord artisanale, sa mécanisation survit au XIXe siècle en France, notamment à Caudry et Saint-Quentin. 



Dentelle de Valencienne


Valenciennes, capitale du Hainaut, fait partie des provinces espagnoles appelées Pays-Bas, jusqu’en 1677, date de son annexion à la France par Louis XIV. Depuis le début du XVIe siècle, de nombreux couvents se sont établis dans le Hainaut et Charles Quint a ordonné qu’on y développât la confection des dentelles pour en retirer les ressources nécessaires à la subsistance des nonnes, des orphelines et des filles déchues qu’elles recueillent. La dentelle est enseignée par les religieuses de Sainte-Agnès, les Ursulines et autres congrégations selon la règle monastique très traditionnaliste. Les dessins et la technique de la dentelle aux fuseaux n’évoluent quasiment pas.





L’essor de la dentelle à Valenciennes, dès 1677, est dû à la proximité de la matière première : le lin est cultivé dans la Vallée de la Scarpe depuis le Moyen-âge, les industries traditionnelles du textile ont formé des générations de fileuses expertes, capables de produire les fils les plus fins, les plus réguliers et les plus solides. Rappelons aussi que les matières premières importées supportent de lourdes taxes quand elles sont achetées à d’autres villes ou provinces.La Valenciennes se caractérise par ses mailles simples et régulières mais très solides parce que tressées, et par le toilé uni qui est le tissu même des fleurs, aucun fil de contourage (brodeur) ne souligne le dessin.






Le label Calais-Caudry


La France possède aujourd’hui 80 % des machines Leavers existant dans le monde, toutes concentrées à Calais et à Caudry.

En 1958, la marque Dentelle de Calais® est créée pour éviter toute confusion entre cette dentelle tissée et la dentelle plus bas de gamme, tricotée selon un procédé de maille qui vient de faire son apparition.

En 2015, le label Dentelle de Calais-Caudry® prend la suite du label Dentelle de Calais®. Cette nouvelle appellation ne modifie en rien la définition du label mais permet d’apporter une précision géographique en renforçant sa valeur patrimoniale :

cette dentelle Leavers d’exception est produite à Calais et à Caudry, nulle part ailleurs.



L'Indication Géographique


L’IG est un signe officiel d’identification de l’origine géographique précise, et de qualité d’un produit manufacturé, délivré par l’Etat, et décerné par l’INPI.

Cette nouvelle Indication Géographique, la 1ère des Hauts de France, est réservée à la dentelle produite sur les bassins de Calais-Caudry, et uniquement tissée sur des métiers Leavers datant du XIXème siècle, qui eux seuls permettent cet entrelac entre les fils de chaîne et les fils de trame, qui font la qualité, la finesse, et la solidité de cette dentelle, et qui offre surtout l’extraordinaire possibilité de se réinventer graphiquement, et de n’avoir aucune limite dans la création.


Seules les dentelles fabriquées par des entreprises certifiées, sur métiers Leavers, avec les différentes étapes et savoir-faire que cela induit, sur les bassins de Calais et de Caudry auront le droit de bénéficier de cette IG.

Quelles soient sous la forme de galons, bandes, laizes ou voiles, ce qui fait la spécificité de ces dentelles rares et précieuses, est bien leur procédé de fabrication unique qu’offre les métiers Leavers, ainsi que toutes les finitions, fruit d’un savoir-faire traditionnel implanté depuis plus de 200 ans sur ces territoires.

L’aire géographique que couvre l’IG sont les communes de Calais et de Caudry, ainsi que les communes avoisinantes dans un rayon de 5km.



De la grande histoire à mes réalisations


Chaque saison les dentelliers de Calais-Caudry étoffent leurs collections et revisitent les anciens motifs ou en créent de nouveaux.


En mellant à la fibre des fils métalliques, en ennoblissants les étoffes finies de broderies et inclusions toujours plus surprenantes, la dentelle ne perd jamais de sa beauté ni de sa modernité. A chaque saison je suis sous le charme de ces nouvelles créations toujours plus inspirantes.


Fabriquée au départ en soie, en lin ou en coton, l'arrivée des fibres synthétiques a donné une grande variété à la production de la dentelle sans entacher l'esthétique, elle s'est rendue ainis plus accessible encore et moins fragile. Un retour en arrière s'opère à ce jour pour rendre à la dentelle ses fibres naturelles et permet à cette industrie d'être plus écologique.


Elle me parait ainsi être la plus à même d'habiller la mariée, avec une singularité qui prend d'autant plus de sens qu'elle participe à une économie locale et soucieuse de la planète.



Dentelle métallisée SOLSTISS
Dentelle métallisée SOLSTISS

Chacune de mes créations commence par une rencontre avec une dentelle.

Chacune de mes réalisations pour vous est une mise en relation avec une dentelle.

Je la cherche pour vous, je lui donne votre histoire et vous portez la sienne.



La robe de Cécile, dentelle de Chantilly SOPHIE HALLETTE
La robe de Cécile, dentelle de Chantilly SOPHIE HALLETTE


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